L’Homme-Neige
Un Indien avait entrepris un voyage en hiver. Le temps était très doux, la neige molle et à demi fondue, et l’Indien avait de la difficulté à avancer. La marche était si pénible qu’il devenait de plus en plus irrité à mesure qu’il avançait. Finalement, il arriva près d’un lac et vit que la glace était recouverte d’eau et il lui fallut patauger dans cette eau. Il devint tout trempé et, au comble de l’irritation, s’écria : « Pourquoi l’Homme-Nord fait-il cela? Pourquoi ne nous donne-t-il pas un vrai temps d’hiver? »
Il finit par atteindre l’autre rive du lac et, comme il avançait, il aperçut un homme tout blanc qui se tenait à peu de distance. Tout d’abord, il ne le reconnut pas, mais en s’approchant il vit que c’était l’Homme-Neige. L’Indien avait l’air fort mécontent et l’Homme-Neige le remarqua. Quand le chasseur fut près de lui, l’Homme-Neige lui demanda : « Qu’y a-t-il? »
Et le chasseur répondit : « Le temps est trop doux et la neige est à demi fondue. L’Homme-Nord ne vaut rien. »
L’Homme-Neige lui dit alors : « Je ne peux rien faire pour toi à l’heure actuelle, mais, à un autre moment, j’essaierai de t’aider. »
« Très bien. » dit le chasseur.
L’Homme-Neige disparut et le chasseur poursuivit son voyage.
Puis, vint le printemps et le temps s’adoucit. Le lac dégela et la glace fondit. Alors, le chasseur en réfléchissant se dit : « Je me demande bien ce que l’Homme-Neige a voulu dire quand il a promis de m’aider ».
Il commença à chasser et conserva la graisse des animaux qu’il tuait dans des vessies. Il construisit un wigwam et coupa beaucoup de bois. Pendant tout l’été et l’automne il fit provision de bois et de graisse d’animal car il voyait que les paroles de l’Homme-Neige n’étaient pas sans signification sérieuse.
À la fin de l’automne, le froid vint et la neige commença à tomber. Il neigea sans relâche et des masses de neige recouvrirent le campement et le wigwam du chasseur. L’hiver se fit de plus en plus froid et un jour, l’Homme-Neige arriva au campement. Le chasseur était assis près du feu. « Que penses-tu du temps qu’il fait? », demanda l’Homme-Neige.
« C’est parfait. » répondit le chasseur.
Alors, l’Homme-Neige resta. Le froid augmenta et la neige continua de s’empiler. Le chasseur alimentait toujours son feu avec du bois et versait de la graisse dessus pour qu’il dégage encore plus de chaleur. De temps à autre, l’Homme-Neige demandait au chasseur : « Que penses-tu du temps qu’il fait? »
Et le chasseur répondait toujours : « C’est parfait. »
Il en avait vraiment assez de l’hiver mais il ne l’aurait pas avoué. Il supportait très bien le froid car il avait fait amples provisions de nourriture, de bois et de graisse. Il entassait les bûches sur le feu et il faisait de plus en plus chaud dans le wigwam.
À la fin, l’Homme-Neige ne put tenir plus longtemps car il commençait à fondre. Et bientôt, il dut partir. Mais avant de partir, il dit au chasseur « Tu es le plus fort. Tu as gagné, alors je pars. »
Après son départ, le froid fut moins intense; l’hiver fut juste ce qu’il fallait, ni trop doux ni trop froid. Ce fut un bon hiver et depuis ce temps, on n’a pas connu d’hiver aussi rigoureux.
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