M. et Mme Thommy Charlish - secteur Ashuapmushuan (recueilli en 1988 par M. Jean-Marie Basile)

  Entrevue avec M. Thommy Charlish, le 25 août 1988.

Il a passé sa vie à Pointe-Bleue (Mashteuiatsh), son père (Paul) aussi. Son grand-père Charlish a vécu à Métabetchouan. Il est venu vivre à Pointe-Bleue. Autrefois, il y avait des chevreuils et des caribous. Il y avait des Mitshinapeu (Iroquois) qui venaient de Kaknawake, ils parlaient en anglais. Le territoire de chasse et de trappe de M. Thommy Charlish, c'est vers la Shamushuan. Il a commencé à chasser avec son père il avait 16 ans. Il a commencé à chasser seul à l'âge de 28 ans. Il s'est marié à l'âge de 24 ans, sa femme avait 21 ans. Il y avait un taxi, qui avait pour nom Dupuis, il avait un camion. Il montait en canot à partir du Portage des Roches. Il montait de la farine et d'autres victuailles. Ça prenait un mois pour monter. Il se nourrissait de poisson, d'orignal. Il y avait plusieurs Indiens qui montaient ensemble, à des fois 10 canots. Il y avait des Indiens de Mistassini qui montaient dans leur territoire. Ils se nourrissaient (famille Charlish) bien.

À l'occasion, ils manquaient de la graisse. Sa mère est décédée à l'âge de 60 ans en forêt. Quant à son père il avait 80 ans, il est mort à l'hôpital. Son grand-père était shaman (sorcier), il jouait du tambour. Il n'utilisait que le tambour. Quand il montait en forêt, après une chasse à l'ours, ils faisaient 7 chaudières de graisse d'ours. Ils montaient au mois d'août pour toute l'année jusqu'au printemps. Ils descendaient le 10 juin à Pointe-Bleue (Mashteuiatsh). Il a déjà utilisé un fusil à baguette. Quand il pleuvait ça ne fonctionnait pas. On pouvait tuer un orignal, mais de très près. Il a utilisé ce genre de fusil que 3 à 4 ans. Il n'y avait aucun fusil de calibre 410 autrefois. Un fusil coûtait de 10 $ à 15 $. Le transport avec un cheval et charrette coûtait 2.00 $ à partir de Saint-Félicien jusqu'au portage des Roches. Ils avaient l'habitude d'amener 2 à 3 tentes pour toute la famille. Il faisait son toboggan et il n'avait pas de chien. Il traînait ses enfants et son bagage. Sa mère faisait de la babiche avec de la peau d'orignal ou de caribou pour lacer des raquettes. Son père faisait les fûts de raquettes. Il faisait du bois, il arrangeait les peaux et la viande. L'écureuil est un voleur. Ils boucanaient la viande d'orignal et la viande de castor. Ils arrangeaient les peaux de fourrure. Ils payaient leur nourriture pour l'hiver. Ils ont eu de la misère.

Méridé Robertson achetait de la fourrure et vendait aussi des pièges. (Tadule) Nepton achetait des fourrures pour Méridé Robertson. Le père de Jos. Drolet de Saint-Félicien achetait de la fourrure aussi. En forêt, ils amenaient avec eux 1000 livres de farine, 6 chaudières de graisse, du lard, des beans, du riz, 100 livres de sucre, du thé, 50 livres de cassonade, 1 gallon de sirop noir. Ils achetaient à crédit ces provisions chez la compagnie de la Baie d'Hudson à Mashteuiatsh. Ils payaient au retour avec la vente des fourrures. Les canots étaient achetés à crédit aussi. Un canot valait autrefois à peu près 100 $. Sa grand-mère et son grand-père venaient d'Obedjiwan (village Atikamekw). M. Thommy Charlish se déclare Montagnais. Ses grands-parents sont venus rester à Mashteuiatsh. Il y a toujours eut des Makushan (repas traditionnel de rassemblement). Il y avait du castor boucané. Lui et sa femme (Estelle) ont perdu 2 enfants. Étant jeune, M. Charlish est allé à l'école au village pendant 1 mois durant l'été. Cette école était située près de chez Claude Robertson, l'électricien. L'école se faisait dans la langue montagnaise ( Ilnu). M. Charlish a déjà travaillé pour les Price à Chicoutimi. Il aime l'hiver pour faire la chasse et la trappe. Il se rappelle d'un grand brûlé qui s'est produit en forêt. Ce feu est parti du Lac Chigoubiche jusqu'aux environs de Chicoutimi. Au même lac (Lac Chigoubiche), il y eut une famine de 10 familles qui sont morts durant un été.

Autrefois, le thé, le sucre et le beurre étaient rationnés, mais pas pour la farine. À Mashteuiatsh, il y avait des jeux, surtout des danses, comme la danse de la mouffette. Cette danse se fait avec un foulard. Les danses se déroulaient toute la nuit. Il n'y avait aucune boisson alcoolisée. Il n'y avait que des Ilnuatsh. Il y avait des jeux de Bazar chez François Germain qui avait un garage chez lui. Aujourd'hui c'est le terrain et la maison de M. Henri Germain. Les jeux de bazar coûtaient environ 0.05 $. Autrefois, quelques Ilnuatsh possédaient une voiture. Une voiture valait à peu près 1000 $. Il y avait aussi des machines à soldat. Pour aller chercher de la viande à St-Prime, il y avait un portage, avant l'inondation, qui se rendait jusqu'au village de St-Prime. En forêt, les têtes d'animaux accrochées étaient un symbole de respect et avec ce geste, ils pouvaient compter avoir une autre bonne saison de chasse. La famille Charlish a connu la misère avec un manque de nourriture. Son père prévoyait faire une chasse à l'orignal dans une montagne, mais il avait de la misère à marcher, il avait des crampes.  Son fils (Thommy) lui a fait une infusion à base de sel.  Son père avait pu tuer deux orignaux.  Une autre fois, Thommy voulait tuer de l’orignal mais il a tué seulement du hibou.  Ils n'étaient pas capables de prendre du lièvre au collet.