M. Jimmy Bossum - Histoire des années 1935 - secteur de la Rivière Mistassini (recueilli en 1981 par M. Alcide Blacksmith)

C'était l'été et les familles montaient tôt en forêt. On se tentait à Girardville. Et on restait là un mois. Il y avait d'autres familles aussi qui arrivait et il y avait également des Cris. Quand on est arrivé, il y avait déjà des Cris qui étaient descendu là. Avant de s'embarquer on achetait nos provisions, comme de la farine, la graisse, le sucre et toutes sortes de choses. Et on embarquait ça en voiture tirée par un cheval. On embarquait tout, même les canots aussi. On descendait vers la rivière et il y avait une grande côte, le cheval ne pouvait pas descendre seul et le monsieur, qu'on appelait le taxi, fallait qu'il fasse quelque chose pour lui faciliter la descente pour que ça glisse. C'est seulement de cette façon que le cheval pouvait descendre. Et plus bas c'était en savane, presque un mille de savane et la voiture s'enfonçait parfois dans la mousse parce qu'il était trop charger. Alors on prenait des bois pour le soulever.

Quand on est arrivé au bord de la rivière, ce n'était pas un bel endroit pour se tenter. Alors on a traversé la rivière. Il y avait une île et c'est a cet endroit qu'on a transporter nos bagages. Pour commencer, on a traversé d'abord les tentes et le soir les hommes allaient chercher le reste de bagages en canot bien sûr. Nous sommes resté là presque une semaine. Quand on repartait, c'était encore les bagages avant. On débarquait tout ça au portage qu'on appelle Tetamin kapatakan. Les hommes transportaient encore les bagages en premier. Le matin après deux jours ensemble, on transportait les bagages sur le dos, mais il y avait déjà des bagages là-bas. Mais en plus de se tenter c'était déjà une journée ça. Le portage se trouvait vers le Coucher du soleil (ouest). Je ne me souviens pas trop bien mais je crois que c'était une heure ou une demie heure de portage.

Et rendu là-bas, il y avait déjà, il y avait des Pekuakamiulnuatsh et des Mishtassiniulnuatsh. Encore une fois on transporte les bagages jusqu'à Ka uapissekau qu'on appelle. C'était un portage. Il n'y avait pas de rapide mais il y avait beaucoup d'eau. Sur ce côté de la rivière c'était très haut avec du roc, il y a longtemps mais ils en ont détruit où c'est aplatit pour en faire un pont. Il n'y a pas eu de pont. C'est dans ce portage (ka Uapissekau) qu'ont débarquaient nos bagages. Les hommes partaient tôt le matin et revenaient tard le soir. Souvent ils faisaient deux voyages pour transporter les bagages jusqu'à ka Uapissekau qu'on appelle. Et le lendemain matin on embarquait jusqu'à cet endroit. C'est à cet endroit que nous dînions. Après ils allaient vers le portage. Ce n'était pas loin, à peu près cent pieds je crois. Et rendu là nous ramions. Là où est le chemin où est la pointe, il y a des sites de tentements, Ka tshikassinanuatsh qu'on appelle, c'est là qu'on se tentait.

Après qu'on ait monté les tentements, on allait tuer du lièvre et du poisson de temps en temps mais plus souvent du lièvre. Le lendemain matin ils retournèrent chercher le reste de bagages en canot et ils passèrent tout droit, parfois ils mangeaient et d'autres fois non, parce qu'ils ne partaient pas longtemps et c'était pas très loin. Quand ils passaient tout droit ils allaient jusqu'à Ka Ukataukau shipi ça s'appelle comme ça, et un peu plus loin, c'est là qu'ils débarquaient les bagages. Quand ils revenaient et rendu dans le milieu de leur trajet en canot, ils allaient tendre leurs collets à lièvres, parce qu'on avait pas de viande. Et le lendemain matin on embarquait tous en canot et ils allaient visiter leurs collets en passant. Quand ils tuaient du lièvre, on le faisait cuire car on n'avait pas d'autres viandes. Rendu à la fourche Shamukua Shipi, et juste un peu avant, il y a un site de tentement là juste sur la côte. C'est de là qu'on embarquait en canot. Après on revenait chercher les bagages, ce sont les hommes qui revenaient les chercher pour les apporter où l'on était tenté. Ils débarquaient les bagages à Ka Kashtinuatsh. C'était encore la même chose, ils tentaient des collets et le lendemain matin lorsque nous réembarquions ils les visitaient comme d'habitude. S'ils tuaient du lièvre ou n'importe quel animal qu'ils voyaient, que ce soit la perdrix ou autre, on le mangeait soit pour le dîner ou pour le souper.

On arrêtait pas souvent pendant le trajet, toujours deux jours et quand il faisait mauvais temps on restait une journée de plus, parce qu'on ne pouvait pas ramer à cause du temps. C'était vers où le soleil se lève que se trouvait Ka Kashtinuatsh. Encore là c'était la même chose, toujours deux jours et on ramait deux fois en canot, une fois pour les bagages et une autre fois pour nous autres. Cette fois nous avons débarqué à Ka Mamikuanapishkau ou Uapileu paushtik et juste un peu avant c'est à cet endroit que l'on débarquait. Il y avait une île et elle était grande, mais elle a rapetissé à cause de l'eau. C'est là qu'on se tentait encore. C'est là que la chasse commençait, on cherchait l'orignal Il y avait déjà des orignaux. Il y avait des orignaux un peu partout. Dans ce que je vous raconte il y avait encore beaucoup d'orignaux. Quand on repartait deux jours plus tard, on débarquait à Nataushtin qu'on appelle. On se tentait encore à Ka ishpaukau c'est un peu plus haut pas très loin de Nakushakaneu Shipi. C'est encore à cet endroit qu'on transportait nos bagages. C'est là que chassait eux autres : Ti-Loup Verreault, François Verreault. On ramait avec eux autres jusqu'à cet endroit. Parfois on était plusieurs canots à ramer ensemble.

C'est à cet endroit que commençait la chasse. Nous commencions par tuer un orignal. Il y en avait partout. Ici ça s'appelle Nataushtin. Un peu plus loin il y avait une belle place où l'orignal pouvait se tenir. Il y a plein de détours sur la rivière et c'est à cet endroit qu'on tuait l'orignal. On était encore plusieurs. Il y avait Pierre Jourdain et tout ses frères, Simon, Jean-Baptiste et Benoît, ils étaient tous là. Il y avait aussi William Sylvestre et aussi un aîné qui s'appelait Damien, c'était le grand-père à Bastien et Bastien était également là lui aussi. Nous autres on avait tué un orignal et il y avait aussi un Cri qui s'appelait Sandy et qui était avec ses deux fils Noé et Abraham et eux aussi en avait tué un. Quand on tuait un orignal. La tradition c'était de partager la viande. Nous boucanions la viande pendant une journée et on repartait. Il y avait un lac qui s'appelait Ka Ashtuenanut Shakahikan ou lac Huard en français. Il y avait de la truite dans ce lac. La raison pourquoi on appelle ce lac Ka Ashteulnanuatsh , c'est qu'il y a très longtemps dans le temps ou l'on faisait encore des canots d'écorce, c'est à cet endroit que les anciens qu'ils allaient les faire. C'est parce qu'il y avait de la belle écorce à cet endroit je suppose. Je me souviens d'avoir vu quand j'étais petit d'avoir vu des restes de bois qui était resté à l'endroit où ils faisaient des canots d'écorce.

On me racontait aussi que lorsque les gens montaient, c'est là qu'ils arrêtaient pour faire leur canot. C'est pour cette raison qu'on a appelé cet endroit Kashtelnanuatsh. Il y a une île et c'est là le vrai Ka Ashtelnanu qu'on appelle. C'est à cet endroit qu'on débarquait et c'est aussi ici aussi qu'on se tentait. Il y avait toutes sortes de poissons dans ce lac. Dans la rivière Mistassini, il n'y a pas de truites. On était encore beaucoup de personnes à cet endroit là. Après Ka Ashtuelnanu c'est à Passeshtakan qu'on se rendait. Il y a un lac pas très loin qui s'appelle Ka Nushemuakushkatsh et c'est là qu'on débarquait. Ce n'est pas très loin de Pesseshtakaniss et plus bas c'est Pesseshtakan. C'est par là que montaient les Jourdain. On était tenté sur le portage. On était tous ensemble et eux étaient tentés l'autre côté de la rivière. C'était la dernière fois qu'on se voyait avant de redescendre au printemps. On a été toujours ensemble avant la séparation. Le matin, il faisait encore noir lorsqu'ils sont embarqués pour partir de leur côté. C'était encore la même chose, les hommes faisaient le premier voyage avec les bagages et ensuite c'était à nous. On avait encore de la viande d'orignal. Quand on tuait un orignal et qu'on avait encore de la viande, on ne tendait pas de collets à lièvres, sinon on aurait gaspillé. Juste de temps en temps on en tendait un peu mais pas beaucoup. On a embarqué de Pesseshtakan jusqu'à Ka Uipishkuakamishitsh qu'on appelle.

C'est à endroit qu'ils allaient transporté les bagages. Il y a un portage vers où le soleil se couche (ouest). Il y a le lac Travers mais il ne portait pas ce nom là autrefois, on l'appelait Ka Ashashkuanuatsh mais les Blancs l'on changé de nom tout comme le lac des Cygnes, ça s'appelait Uapisheuakami (Lac des Oies Blanches). On se tentaient à Uipishkuakamishitsh parfois Nitatshutsh et d'autre fois dans le raccourci. Ça dépendait du temps que ça pouvait prendre parce les hommes fallait qu'ils traversent ce portage de six milles de long avec les bagages. On était tous ensemble et moi j'étais jeune et je commençais déjà à travailler. Encore deux jours à cet endroit et ça dépendait toujours de la température et on ramait toujours. Il n'y avait pas de moteur encore dans ce temps-là et on prenait seulement les rames. On était encore avec la famille à Charles Verreault et l'aîné qui était là qui s'appelait Damien et William Sylvestre, on était encore ensemble. Il y avait une île où il y avait un site de tentement et c'est là qu'on se tentait parfois et d'autres fois l'autre bord du lac. C'était pas encore l'automne c'était encore l'été. Ça faisait presque un mois qu'on ramait à tous les deux ou trois jours.